La Normandie : portrait historique

La Normandie tire son origine d’un épisode de l’histoire du Xe siècle : la cession par Charles le Simple, au chef viking Rollon, de la région rouennaise. Jusque là, non seulement le mot même de Normandie n’existe pas, mais les pays qui constituent aujourd’hui la Normandie n’ont guère de relation entre eux et ne constituent en aucune mesure une unité historique. Nous passerons donc brièvement sur les périodes plus anciennes qui, au surplus, n’ont guère laissé de traces monumentales actuellement visibles.

Depuis 1204, d’autre part, la Normandie a perdu son autonomie politique et même, dans un certain sens, son unité, puisque sa partie insulaire a suivi les destinées de la couronne anglaise, tandis que sa partie continentale devenait française. C’est donc la période 911 – 1204 qui, dans l’histoire de la province, est vraiment décisive, puisque c’est à elle que la Normandie doit son originalité et sa personnalité.

Aux origines de la Normandie : l’époque gauloise

La préhistoire normande n’offre qu’un intérêt limité pour le non-spécialiste. La curieuse grotte à figures animales gravées découverte à Gouy, dans la vallée de la Seine, entre Rouen et Elbeuf, est actuellement fermée au public et de toute façon, ne supporte pas la comparaison avec celles du Périgord. L’Ouest de la province a quelques mégalithes importants, mais sans la beauté de ceux de Bretagne. Certains sites ont offert aux fouilleurs des successions de civilisations précieuses pour l’étude des phases terminales de l’âge de la pierre, comme le Fort-Harrouard, près de Dreux, ou la Brèche-au-Diablen près de Falaise. Les trouvailles de l’âge du bronze abondent surtout sur les rivages de l’Ouest.

C’est avec l’époque gauloise que commence, timidement, l’histoire écrite. Vers le milieu du dernier siècle avant notre ère, le pays apparaît tiraillé entre deux aires de civilisation.

  • Au nord de la Seine, les peuples des Véliocasses (de Rouen à l’Oise) et des Calètes (dans le pays de Caux), faisaient partie de la Gaule Belgique, qui se distinguait par des traits vigoureux de la Gaule propre ou Celtique.
  • A l’Ouest, les Armoricains (ce nom celtique veut simplement dire « les riverains de la mer ») formaient jusqu’à la Seine, une sorte de confédération unie sans doute à la fois par des liens politiques et par l’économie.

La Normandie : Rome et l’arrivée de César

L’arrivée de César, ou plus exactement de son lieutenant Sabinus, marque la première grande articulation de l’histoire Normande. Suite à une seule grande bataille livrée en 56 avant JC, une partie des cadres gaulois s’enfuit vers les Iles (où elle laissa, à Jersey surtout, d’immenses trésors monétaires), puis vers l’Angleterre. Une autre adhéra à l’ultime sursaut de Vercingétorix. Mais la majorité se soumit sans trop de peine et fut incorporée à la province de Lyonnaise.

Même en ces régions excentriques, l’oeuvre de Rome fut extraordinairement rapide et profonde. Durant trois siècles, des travaux fébriles bouleversèrent la physionomie du pays :

  • Tracé de voies toutes droites à travers les plaines ;
  • Construction de villes aux monuments somptueux ;
  • Multiplication des sanctuaires bâtis en « dur » ;
  • Innombrables résidences seigneuriales dans les campagnes ;

Sauf dans les zones forestières du Sud et de l’Ouest, et dans les Iles, il n’y a guère de commune actuelle qui n’offre, à qui prête un oeil attentif, des traces convaincantes de cette période brillante.